© 20th Century Fox
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Comment Ellen Ripley m'a fait aimer la science-fiction


* Attention cet article peut contenir des spoilers ! 

      En 1979, deux ans après avoir découvert à l'écran l'iconique Princesse Leia, Ridley Scott nous présente le lieutenant Ellen Ripley dans le premier volet de la saga Alien. Un personnage féminin non stéréotypé, qui en a dans le ventre quand il s'agit d'affronter des créatures extraterrestres et de remettre les hommes à leur place. Replay.


Une icône féministe qui redore le genre

Troisième long-métrage de sa filmographie, Alien - Le Huitième passager donne à Sigourney Weaver l'occasion de prouver que les femmes et la science-fiction font bon ménage. Du haut de ses 1,82m, l'actrice, âgée de 30 ans à la sortie du film, porte à bras le corps le rôle du lieutenant Ripley, deuxième femme - avec Lambert - à bord du Nostromo. Et dire qu'à l'origine, Ripley devait être incarné par un homme. On peut remercier Alan Ladd Jr., président de la 20th Century Fox de l'époque, d'avoir suggéré à Ridley Scott d'en faire une femme.

Tête de pioche et femme de caractère, elle se fait rapidement des ennemis lorsqu'elle refuse de laisser rentrer trois membres de son équipage, revenus d'une mission périlleuse qui coûtera finalement la vie à l'officier G.W. Kane. À cheval sur le règlement, il s'avèrera par la suite qu'elle avait bel et bien raison d'avoir souhaité cette mise en quarantaine, l'alien agrippé au visage de Kane étant le point de départ de leur cauchemar spatial.

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Dans ce premier volet qui s'apparente davantage à un film d'ambiance, auditif et au-delà même du survival, qu'à un film d'action pur et dur, elle relève les manches, ne fuit pas le conflit et n'hésite pas à sortir les poings quand on la cherche un peu trop. Ash l'aura bien compris. Finalement, aujourd'hui Ripley est ce que l'on pourrait appeler une héroïne badass, une femme qui n'agit pas en faire-valoir, une femme qui mouille la combi et qui assume pleinement ses prises de position, qui vont bien évidemment toujours à l'encontre de la pensée générale.

À mille lieues de la femme-plante-verte que l'on pose dans un coin et que l'on admire pour sa beauté mystérieuse, Ripley attire l'attention non pas pour son physique - une (très) grande brindille à la chevelure bouclée - mais pour son esprit vif et sa détermination. Car Ripley ne lâche jamais rien, si ce n'est ses boucles dans Alien3 pour éviter une quelconque infection de parasites. Crâne rasé telle une militaire, elle n'en perd pas moins sa féminité, présente en sous-marin tout au long de la saga.

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Regardée de haut et incomprise car considérée comme un renfort illégitime, elle prend très vite la position de leadeuse, devenant le phare vers qui se tourner en cas de danger. Après hésitation, les hommes s'en remettent finalement à elle pour son expérience des exosquelettes, ses aptitudes de pilote et son maniement des armes. Son arrivée chez les Marines en est un parfait exemple. Rabaissée par une femme de la compagnie ICC et privée de sa licence de pilote par Van Leuwen dans Aliens le retour, elle se fera ensuite désirer pour finalement rejoindre les Marines qu'elle ne cessera d'impressionner par son sang-froid et son ingéniosité. Elle gagne donc fièrement sa place d'héroïne par sa force de caractère, dans un genre où le rôle des femmes est plutôt cantoné soit à faire joli soit à être sauvée par le héros. 

Ripley : - Bonjour, je sais je suis la 5ème roue du carrosse mais il y a quelque chose que je peux faire ?

Sergent Al Apone : - Y'a quelque chose que vous savez faire ?

Ripley : - Je sais conduire le robot de charge. J'ai ma licence classe II.

Ce rôle de femme forte et complexe lui ouvrira d'autres portes dans la "science-fiction", affrontant tour à tour des fantômes farceurs dans Ghostbusters (1984),  des Na'vis à Pandora dans Avatar (2009) et des robots policiers dans Chappie (2015). Icône de la saga Alien, elle passera le flambeau à d'autres actrices qui ont tissé avec brio leur toile dans la science-fiction. On pense à Trinity (Carrie-Anne Moss) dans la trilogie Matrix, Leeloo dans Le Cinquième élement (Milla Jovovich), Ellie Arroway (Jodie Foster) dans Contact ou encore à Ryan Stone (Sandra Bullock) dans Gravity.


Ellen, je m'appelle Ellen, je suis une femme comme les autres 

Même en 2200 et des poussières, les femmes ne sont pas en sécurité vis-à-vis des hommes et/ou des robots. Agressée par l'androïde nerveux et imprévisible Ash dans le premier volet, elle le sera par de vrais mâles dans Alien3, ceux du pénitencier de Fiorina qui, n'ayant pas vu de femmes depuis des lustres, ne peuvent retenir leurs pulsions primitives. Une fois de plus elle ne se laissera pas faire et assènera même un bon gros coup de poing à l'un deux. Même devenue clone, elle se fera tripoter par des scientifiques douteux.

Mais n'allez pas croire que Ripley n'aime pas les hommes. Bien au contraire. Complice avec le caporal Hicks dans Aliens, le retour, qui, s'il n'avait pas été tué dans le crash, aurait à coup sûr formé un couple avec cette dernière, elle débute même une liaison dans Alien3 avec le médecin du pénitencier, Jonathan Clemens.

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On entrevoit même son instinct maternel, qui resurgit à l'arrivée de Newt, la petite sauvageonne orpheline, qu'elle prend rapidement sous son aile et qui fait écho à la perte de sa propre fille Amanda, morte à l'âge de 66 ans alors que sa mère était dans l'espace. À la fin de la saga, elle portera même quelque chose dans son ventre, ce qu'elle redoutait le plus : un xénomorphe. Violée par un alien, elle enfantera la nouvelle reine de la tribu, signant sa perte et le début de sa vie de clone.

Qui a dit que les femmes ne savaient pas se servir d'une arme ? Formée par le Caporal Hicks, elle manie le pulse rifle comme personne, dézinguant ensuite à coups de lance flammes tout ce qui passe sur son chemin. Très vite à sa place chez les Marines, elle le saura plus tardivement chez les bagnards du pénitencier de haute sécurité situé sur la planète Fiorina 16, où elle s'est échouée, réduite à sa condition de femme.

Finalement, toutes les épreuves que Ripley traversent l'endurcissent. Dernière rescapée du Nostromo, elle intègre ensuite les Marines, une bande de prisonniers, et enfin des mercenaires, le tout en gardant son ADN de femme forte, libre et indépendante à l'incroyable fureur de (sur)vie. Enfin presque, car dans Alien, la résurrection, si une partie de son ADN est encore présent en elle, nous avons à faire à son clone, le numéro 8, une créature mi-humaine mi-alien à l'extrême paleur et à la mâchoire animale.

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Comparable à un mutant, son clone, qui est le premier à avoir conservé sa mémoire d'avant - celle de la Ripley du passé - déploie une force physique spectaculaire et fait d'elle une alliée des aliens, avec qui elle va développer une relation charnelle assez déroutante. Elle qui les craignaient au début, elle finit par fusionner et devenir interchangeables avec eux après que l'humanité l'ai laissé tombée. Devenue la grand-mère de l'enfant de la reine, elle passe finalement par des filiations auxquelles on ne s'attendait pas, participant toujours un peu plus à la complexité de son personnage, à la fois si indépendant et si connexe avec ceux qui traversent son existence.


Les autres femmes de la saga

Si la parité dans l'espace est la même que sur terre, c'est-à-dire nulle, il faut tout de même noter la présence de femmes dans les quatre épisodes jalonnant la saga. 
À commencer par « Maman », l'ordinateur de bord du Nostromo, personnage à qui Ellen ressemble finalement le plus. Comme lui, Ripley percute rapidement, donne de la voix et devient un repère pour les autres passagers, qui ne savent pas toujours comment réagir face à la menace extraterrestre. Passons sur la nerveuse et réservée Joan Lambert, née de sexe masculin, trop peu exploitée dans le premier volet.

Le soldat de première classe Jenette Vasquez, une latino baraquée, sorte de Rambo au féminin, est quant à lui bien plus approfondi. James Cameron, qui voulait à l'origine que ce personnage soit incarné par un homme, a vu juste en confiant le rôle à Jenette Goldstein. Amatrice de musculation, elle dézingue à tout va et n'a pas peur d'entrer la première dans le LV-4-26. On aime aussi quand elle insulte et tend le majeur aux machos qui l'entourent.

Il y a aussi Newt, une fillette sonnée par les évènements qui se passent autour d'elle, notamment la mort de ses parents et de son frère, mais pas moins courageuse et débrouillarde. Elle trouvera refuge et confiance grâce à sa mère adoptive en la personne de Ripley. Newt devrait faire son retour dans Alien 5, de Neil Blomkamp, et ce pour notre plus grand plaisir.

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Dans le dernier épisode nous faisons la connaissance du personnage d'Annalee Call, mécanicienne sur le Betty, qui parvient à trouver sa place malgré l'omniprésence du clone de Ripley. D'apparence humaine, elle est ce qu'on appelle une gynoïde, un robot à l'apparence féminine, fabriqué par les robots de la compagnie Auton. Robot Auton de Seconde Génération, elle a le don d'anticiper le résultat de l'exécution d'un ordre et fait tout son possible aux côtés de ses compagnons de galère du Betty pour mettre un terme à la création en masse de xénomorphes.


     Pour conclure, on peut dire que Ripley est une alien dans le domaine de la science-fiction puisqu'elle a su s'imposer non pas pour sa quelconque féminité mais pour son charisme, sa détermination et sa force de caractère, qualités généralement attribuées à des personnages masculins. Son personnage nous a accompagné sur trois décennies et a redoré le genre. Alien 5 se fera sans Ripley et c'est bien dommage car Sigourney Weaver en a encore sous le pied.

Marie Ponchel


Crédits photos : © 20th Century Fox

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