Recherche actrice américaine de moins de 30 ans


      L'adage dit que les femmes sont à l'apogée de leur beauté arrivées à 30 ans. Et bien il faut croire que dans l'impitoyable machine hollywoodienne c'est loin d'être le cas. À peine entamée leurs trentaines, des actrices telles que Maggie Gyllenhaal, Olivia Wilde ou Anne Hathaway se voient considérées comme trop mûres et donc moins crédibles face à des partenaires masculins pourtant âgés de dix, vingt, trente ans de plus qu'elles. Ce jeunisme au cinéma ne date malheureusement pas d'hier. Décryptage.


Last Fuckable Day

On se croirait dans un sketch d'Amy Schumer : Last Fuckable Day, avec Tina Fey, Patricia Arquette et Julia Louis-Dreyfus, célébrant le "dernier jour de baisabilité", à l'âge de 35 ans, de cette dernière. Mais nous sommes bien dans la réalité hollywoodienne. Là où les actrices ont, comme les briques de lait, une date de péremption. Déjà victimes d'écarts de salaires, les stars féminines du cinéma doivent en plus composer avec le jeunisme, cette quête de la jeunesse éternelle, de plus en plus prégnante aux Etats-Unis. Pour obtenir des rôles intéressants et en première ligne, une femme se doit d'être fraîche, jeune, et ô grand jamais s'afficher avec des ridules ou un corps vieillissant. Dernier exemple en date : l'actrice Olivia Wilde, jugée trop "sophistiquée", comprendre "vieille", à seulement 28 ans, pour camper la femme de Leonardo DiCaprio dans Le Loup de Wall Street (2013), rôle finalement interprétée par Margot Robbie, de cinq ans sa cadette à l'époque. 

À moins de s'appeler Meryl Streep (Cate Blanchett, Julianne Moore ou Jessica Chastain), difficile de rivaliser avec les acteurs masculins, qui passés la cinquantaine (quoi ? la soixantaine ?) continuent à jouer les action-man (Tom Cruise, Bruce Willis, Liam Neeson...). D'ailleurs, selon une étude menée en 2014 par le Journal of Management Inquiry, les acteurs américains gagneraient le plus d'argent à l'âge moyen de 51 ans. Finalement, c'est comme si les actrices, au moment de passer les castings, étaient jugées selon une "prime d'apparence", calculée en fonction de leur degré de beauté physique et de leur apparente jeunesse. Pendant ce temps-là, les hommes gagnent en poids (et en rôles intéressants) à l'arrivée des tempes grisonnantes et de la ride rieuse. Souvenez-vous, dans le dernier Star Wars, qui d'Harrison Ford ou de Carrie Fisher a dû faire face aux critiques sur son âge avancé malgré un régime drastique et des kilos de maquillage ?

Des couples de cinéma invraisemblables

En donnant la priorité à de jeunes actrices plutôt qu'à des trentenaires voire quarantenaires, il en résulte des couples de cinéma partageant un énorme écart d'âge sans que cela ne choque personne (le site américain Vulture en a fait d'édifiantes infographies). Prenez Pretty Woman, sorti en 1990. Rappelons tout de même que Richard Geere avait 41 ans à l'époque, tandis que Julia Roberts seulement 23. Idem pour la comédie romantique culte Quand Harry rencontre Sally (1989), avec une Meg Ryan âgée de 28 ans et un Billy Cristal de 41 ans. Beaucoup plus récent : Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare (2012), avec le couple Keira Knightley (27 ans) / Steve Carell (49 ans) ou encore Flight (2012), dans lequel Denzel Washington (57 ans) s'amourache de Kelly Reilly (35 ans). Toutes les actrices n'acceptent pas cette si grande différence d'âge à l'écran, à l'instar de Kristen Stewart, qui en 2013 avait déclarée avoir refusé le rôle féminin principal du film Diversion (2015) quand le rôle-titre masculin avait finalement été confié, non plus à Ben Affleck (40 ans), mais à Will Smith (44 ans). 

Une infographie représentant les écarts d'âge entre Harrison Ford et ses partenaires féminins à l'écran © Vulture
Une infographie représentant les écarts d'âge entre Harrison Ford et ses partenaires féminins à l'écran © Vulture

Pour l'actrice de 23 ans - finalement remplacée par Margot Robbie (encore elle !) - il était en effet inconcevable de camper la petite amie d'un homme de presque vingt ans son aînée. De son côté, Anne Hathaway a compris les rouages du système et s'en contente malheureusement : "Je déteste l'admettre, mais il y a de moins en moins de rôles qui se présentent et la compétition est toujours aussi rude" avoue la comédienne de 32 ans, qui ajoute : "Je ne peux pas me plaindre de ça car j'en ai profité (...). Quand j'étais au début de ma vingtaine, des rôles étaient écrits pour des femmes de la cinquantaine et je les obtenais. Et à présent que je suis au début de la trentaine, je me dis : "Pourquoi cette fille de 24 ans a eu le rôle?"". 

Ce jeunisme bien ancré, Maggie Gyllenhaal confie en avoir fait les frais : "J'ai 37 ans et on m'a dit récemment que j'étais trop vieille pour jouer l'amante d'un homme qui en avait 55. J'ai d'abord été étonnée, je me suis ensuite sentie mal, en colère, puis j'ai finir par rire" a-t-elle déclarée à The Wrap Magazine. Pas sûr que ce genre de réflexion fasse rire tout le monde. Pas Daniel Craig en tout cas, qui lors d'une interview au Red Bulletin pour la promo de Spectre (2015), a eu affaire à ce type de réflexion ambigüe : "Pour la première fois, Bond succombe aux charmes d'une femme plus âgée que lui...". La réponse du comédien a été sans appel : "Je pense que vous voulez dire : une femme de son âge. Nous sommes en train de parler de Monica Bellucci nom de Dieu. Quand quelqu'un comme ça accepte de devenir une James Bond girl, tu t'estimes chanceux".  Bien envoyé Dany ! 

S'il reste l'alternative du petit écran (The Honourable Woman avec Maggie Gyllenhaal dans le rôle-titre, Vinyl avec Olivia Wilde), il est dommage que le cinéma américain manque cruellement de grands rôles portés par des actrices de plus de 30 ans. À bon entendeur, salut !

Marie Ponchel

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