Ma ma : Penélope Cruz face au cancer du sein


     Sorti le 8 juin dernier dans nos salles, le nouveau film de l'Espagnol Julio Medem, Ma ma, aborde avec humour et fantaisie le cancer du sein d'une mère célibataire au chômage. Peut-on rire du cancer ? Le film nous prouve que oui, grâce à l'interprétation burlesque d'une Penélope Cruz décadente.


© Entertainment One
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Il est des sujets difficiles à traiter au cinéma et le cancer en fait parti. Difficile de ne pas tomber dans le pathos, difficile d'être réaliste dans le traitement de la maladie, difficile de montrer un corps en pleine mutation. Le pari était donc risqué sur le papier mais il s'avère ici pertinent à l'écran.

Magda (Penélope Cruz) n'a vraiment rien pour elle, si ce n'est ce grain de folie qui lui fait voir le verre à moitié plein. Mère d'un petit garçon aficionado de football, elle vient tout juste de se faire larguer par son compagnon (Alex Brendemühl) qui s'en est allé voir ailleur au bras d'une étudiante. Seule et au chômage dès la rentrée de septembre, cette enseignante passe un été vraiment merdique, sans compter sur le cancer du sein que l'on vient de lui diagnostiquer et la tragédie qui arrive au recruteur du Real Madrid (Luis Tosar) qui a repéré son fils sur le terrain.

Malgré ce climat nuageux, on se surprend à rire. À rire lorsque Magda demande si on va lui laisser son téton après lui avoir "amputé" son sein. Son vocabulaire est maladroit, ses réactions aussi, mais on ne peut s'empêcher de rire devant cette femme qui ne sait plus par quel bout prendre la vie mais qui ne se plaint pas pour autant. Elle est ce qu'on appelle une battante, une femme qui continue d'avancer malgré les obstacles. Ce genre de personne qui vous offre une belle leçon de vie quand vous faites de vos petits soucis du quotidien une montagne.

© Entertainment One
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Seule face à la maladie qu'elle cache à son fils expédié ni une ni deux chez ses cousins tout l'été, le spectateur vit avec elle toutes les étapes du cancer du sein, de la mammographie douloureuse à l'opération, en passant par la perte de cheveux et les moments de solitude, à la plage, avec les protèses mammaires et la perruque. Traité avec humour mais pas à la légère, on y apprend que le cancer du sein touche 1 femme sur 8 et l'on nous rappelle qu'il ne faut surtout pas tarder à aller voir son gynécologue lorsque l'on détecte une grosseur à la poitrine. Pourtant fille d'une femme ayant succombé à un cancer du sein, Magda s'est inquiétée trop tard de cette grosseur sur son sein gauche, d'où - on ne le répètera jamais assez - le passage indispensable par l'autopalpation.

Souvent kitsch (le gynécologue qui chante pendant la consultation, les battements de coeur en 3D) et parfois expérimental (les visions de Magda, les apparitions de Natacha dans la neige), Ma ma (poitrine en espagnol) a néanmoins l'audace de se frotter à un portrait de femme comme on en voit rarement. Ceux réussissant à dessiner une peinture sombre sur une toile légère. Ceux qui tirent le meilleur des ressources de l'humain. Car Magda a certes un sein en moins mais de l'amour à revendre, à son fils, à son nouveau compagnon mais surtout à cet être dans son ventre qui la maintient en vie. Cette petite fille qui se déploie aussi vite que le second cancer de sa maman.

Flamboyante sans être ridicule, attendrissante sans être tire-larmes et juste à chaque battements de cils, Penélope Cruz signe ici sa première production et l'un de ses rôles les plus marquants à l'écran

Marie PONCHEL



Crédits photos : © Entertainment One

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