Rencontre avec Mathilde de Fanzone
Si vous baignez dans l'univers des comics et dans l'impitoyable monde des supers-héros, vous avez sûrement dû croiser Mathilde. Ça tombe bien, nous aussi ! Depuis 2012, elle anime Fanzone, l'émission-phare d'Allociné, qui attire des milliers d'internautes chaque semaine. Rencontre avec ce petit bout de femme de 29 ans, habituée des fonds verts.
Women Lab : Quelle femme rêvais-tu d'être quand tu étais petite ?
Mathilde : Je ne me posais pas la question de la femme que je voulais être, mais plutôt de la personne que je voulais être. J'avais envie d'être quelqu'un de juste et de faire un métier que j'aime. Ça a beaucoup changé, je suis passée d'instit à avocate, mais après, voilà, ce sont les hasards de la vie. Je voulais être psy aussi pendant longtemps. En fait j'avais juste envie d'être au contact des autres et d'être quelqu'un d'aimable, parce que je juge que c'est la chose la plus importante et que ça devient de plus en plus rare.
WL : Quelle(s) femme(s) t'inspirent au quotidien ?
En fait je ne peux pas être inspirée par des gens que je ne connais pas. Je ne peux pas être inspirée par des images de papier glacé ou des actrices. La première réponse qui me vient c'est ma mère, mais pas parce que c'est ma mère. Objectivement, ma mère est une femme exceptionnelle. C'est quelqu'un qui vous dépose du bonheur partout où elle passe. C'est un condensé de joie de vivre, d'optimisme, de bonté et de beauté. Elle a toujours rempli son devoir de mère, de femme dans un milieu professionnel, d'épouse et de femme indépendante. Honnêtement, elle reste un mystère pour moi, même aujourd'hui (rires).
WL : A quel moment de ta vie as-tu compris qu'être une femme n'allait pas être si simple ?
Je pense que c'est venu au moment où j'ai commencé à travailler, parce qu'en fait le monde du travail crystallise vachement les inégalités hommes/femmes, il fait ressortir le côté macho, surtout dans un milieu comme le nôtre. Le monde du cinéma c'est quand même très masculin. Disons que si t'es une femme, que tu mets du vernis à ongles et que tu te maquilles, c'est incompatible avec une certaine forme d'intelligence donc voilà, au début de ma vie professionnelle je ne me maquillais pas et je ne me mettais pas de vernis à ongles, et puis je me suis dit que c'était dommage quand même, de rogner ma féminité et ma coquetterie.
WL : Que dirais-tu à la jeune fille que tu étais si tu la recroisais ?
Je lui dirais de se construire une carapace rapidement parce que c'est le plus important, que ce soit pour une femme ou pour un homme, c'est d'avoir confiance en soi, mais pas trop. J'insiste là dessus. Quand je dis confiance en soi, c'est arriver à ne pas se laisser destabiliser par des regards et des réflexions. Tu seras beaucoup plus prise au sérieux si tu as un tout petit peu confiance en toi et que tu ne te laisses pas écraser par des gens parfois malveillants, parfois juste maladroits.
WL : As-tu déjà reçue des réflexions au sujet de ta place de femme dans un milieu geek ?
Au début ça a été très très violent. Je me souviens des premières émissions, où il y a eu des commentaires virulents. En fait ce qui est terrible, c'est que quand t'es une nana et que tu présentes une émission, on te juge sur ton physique. Ce qu'on ne ferait jamais pour un homme. On ne va pas me juger sur mon travail, mais on va me juger d'emblée sur mon physique.
Tu ne peux pas être une nana qui se maquille, qui met des jupes et des chemisiers en soie et qui aime les films de supers-héros, c'est juste pas compatible !
WL : Pour finir, as-tu une citation qui te parle plus qu'une autre ?
Elle n'est pas mienne, je n'ai pas vraiment de leitmotiv au quotidien mais elle a une certaine résonance. La voici : "C'est impossible, dit la fierté, c'est risqué, dit l'expérience, c'est sans issue, dit la raison. Essayons, murmure le cœur" de William Arthur Ward.
Propos recueillis par Marie Ponchel le 4 mars 2016.